
Rémy Belhomme
Je suis né en 1955.
Le 11 septembre.
Un anniversaire facile à mémoriser puisque c’est ce jour-là, le 11/09/1973 que Salvador Allende s’est donné la mort dans le palais de la Moneda suite au coup d’État perpétré par le sinistre Augusto Pinochet, avec la complicité active des services fédéraux américains.
Le jour de mon dix-huitième anniversaire.
Mes années de lycée, je les ai passées à dessiner. Je voulais devenir dessinateur de presse ou de bandes dessinées. Je caricaturais volontiers mes professeurs. J’étais plutôt doué. Mes dessins faisaient beaucoup rire mes camarades. Mais beaucoup moins mon professeur de français de première qui s’est reconnu dans un de mes croquis et manquait singulièrement d’humour. Je lui dois en grande partie mon exclusion du lycée de Champigny-sur-Marne.
J’ai abandonné le dessin pour écouter chanter les mots. Graeme Allwright, Léonard Cohen, Georges Brassens, Moustaki, Jacques Brel, Léo Ferré…
Mais surtout, David Mc Neil, que j’ai découvert grâce à sa chanson « Hollywood » dont l’histoire qu’elle raconte ressemble tellement à celle de ma vie. Mais ça, je ne l’ai compris que bien plus tard.
Ma mère dansait dans les bars
Imitant Jean Harlow
Mon père lançait les poignards
Au cirque à Buffalo
Puis on m'a dit un jour Go West
Et moi j'ai pédalé
De New York à Los Angeles
Sur un vélo volé
David Mc Neil

Écriture
La maman de Casa
Notre mère nous a abandonnés, mon frère et moi, alors que nous étions tout jeunes, et dans des conditions particulièrement brutales. Selon les points de vue on peut y voir les agissements d’une femme éperdument éprise de liberté ou ceux d’une mère totalement inconséquente.
Dans notre famille reconstruite, et seulement lorsqu’il était indispensable de l’évoquer, on l’appelait : La maman de Casa.
Second tour, premier sourire
Prix Jean-Jacques Rousseau 2021
La première sélection du prix Jean-Jacques Rousseau de l'autobiographie 2021 a été dévoilée le 29 mars.
Première sélection :
Laure Adler, La voyageuse de nuit (Grasset)
Claude Askolovitch, À son ombre (Grasset)
Remy Belhomme, La maman de Casa (Les éd. au Pluriel)
Emmanuel Carrère, Yoga (P.O.L)
Lionel Duroy, L'homme qui tremble (Mialet-Barrault)
Raphaël Enthoven, Le temps gagné (L'Observatoire)
Christophe Etemadzadeh, La vie sans savoir (Arlea)
Camille Kouchner, La familia grande (Seuil)
Pierre Nora, Jeunesse (Gallimard).
Après des délibérations et un vote en visioconférence, le jury du Prix Jean-Jacques Rousseau 2021 de l'autobiographie a choisi Pierre Nora, pour son livre Jeunesse (Gallimard), qui l'a emporté au second tour par six voix contre quatre à Rémy Belhomme (La maman de Casa, Pluriel).
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La vallée des éperdus
J’avais très envie de raconter cette histoire. Celle des babas des années soixante-dix que les ardéchois appelaient les bourrus. « J’y étais » comme disent les anciens pour parler des épopées qu’ils ont connues.
Je ne souhaitais cependant pas raconter mon histoire personnelle. J’ai donc choisi la fiction et imaginé les personnages de Virgile et Philo.
Mais ce bon Docteur Sigmund s’est quelque peu glissé dans mon imaginaire. Et certaines résurgences autobiographique sont parfois venues ruisseler là où personne ne les avait invitées.
Addictus
(Farce théâtrale en 3 actes)
Le propos de cette pièce est : « La dette en tant que mécanique d’asservissement ».
Sortie prévue : septembre 2025 (Les Éditions Au Pluriel).
Le musée de monsieur Marteau
(roman)
Monsieur Marteau est le maire de la commune d’Eperneau. Une vilaine histoire va ressurgir du passé et venir assombrir le déroulement de son mandat.
La première phrase du roman :
« La vengeance est un plat qui se déglace au vinaigre balsamique… »
Ce roman va être illustré par Aurel, mon complice de l’expérience « Docteur Sigmund ».
Sortie prévue : automne 2025 (Les Éditions Au Pluriel).
Les Éditions Au Pluriel
Cette belle aventure littéraire n’aurait jamais vu le jour sans la rencontre décisive avec Les Éditions Au Pluriel et la riche complicité qui s’en est suivie avec Fabienne De Dyn et Florence Vandenbrouck.
Deux belles personnes.

Musique
Est-il encore debout le chêne
Ou le sapin de mon cercueil ?
Georges Brassens
Docteur Sigmund
En 1998, le festival de jazz des Vans a rendu l’âme définitivement. Il laisse derrière lui beaucoup de joyeux souvenirs… Et pas mal de dettes...
Nous organisons des soirées de soutien, histoire de rembourser tant bien que mal les créanciers. Tous les « baladins » sont mis à contribution. Au cours de l’un de ces spectacles, nous créons une chanson ou deux avec Aurélien Froment. Il compose et moi j’écris.
C’est comme cela, presque par hasard, qu’est né le groupe « Docteur Sigmund ». Je suis au chant parce qu’il faut bien que quelqu’un le fasse. Aurel est au piano et à l’accordéon. Maurice Chinier est à la guitare. Bruno Reberté est à la basse. Et Manu Bonnaud gesticule énergiquement derrière sa batterie.
J’écris de nouveaux textes, Aurel les met en musique et Maurice crée les arrangements. Ça vaut ce que ça vaut... Sûrement pas plus... Mais on s’amuse beaucoup. Les 13 et 14 janvier 2007, un disque est enregistré.
En page 2 de la pochette figure le texte suivant :
« Merci à Eric et Mathilde pour nous avoir accueillis à Grammaïse, aux Ogres de Barbac pour nous avoir prêté le studio, et à Jean-Claude Millet pour son travail et ses conseils. Merci à Patrick Tandin qui nous écoute sûrement. »
-
J’ai connu la gloire dans mon habit de lumière
Le front luisant de gomina
L’œil téméraire
J’ai fait le beau j’ai pris des poses
De fanfaron
En collant rose
Et chaussures à pomponsJ’ai fait rêver
Toutes les filles d’Andalousie
J’ai fait crever
Leurs fiers maris de jalousie
Tous ces beaux hidalgos dont j’ai
Corné le front
Seront vengés
Bientôt de mes affrontsCar aujourd’hui
J’ai plus la prestance espagnole
Le rein cambré qui les rend folles
Je me sens mou sur mes guiboles
Sous mon habit
La peur dessine des auréoles
Et j’ai les genoux qui flageolent
Devant cette satanée bestioleJ’étais le roi des toreros
Et pour célébrer son héros
La foule chantait allégro
Oh mon Dieu qu’il est beau !
Mais là je me sens moins fiérot
Quand je regarde ce taureau
J’ai le trouillomètre à zéro
Et je me dis :
Oh mon Dieu qu’il est gros !La bête est terrifiante et noire
Comme la colère
Dressée dans la chaleur du soir
Et la lumière
Frottant le sol de son sabot
La bave aux dents
Comme un badaud
Qui a marché dedansEt quand le sang
Rougira le sol de l’arène
Je sais je sens
Qu’il coulera hors de mes veines
Je voudrais bien pendant qu’il en
Est encore temps
Crier maman
Et partir en courantCar aujourd’hui
J’ai plus le sens du protocole
J’ai la fierté qui se gondole
Et l’instinct macho qui s’étiole
J’ai plus envie
De me pavaner comme un guignol
Je me sens mou de la roubignolle
Ce soir c’est la fin d’une idoleJ’étais le plus grand des matadors
Rêvant de voir en lettres d’or
Mon nom gravé au panthéon
De la tauromachie
Et dans un silence de mort
Le taureau me laboure le corps
M’agitant comme un vieux chiffon
Et je me dis :
Oh mon Dieu quel gâchis
-
Les vieux châteaux
Sont pleins de fauchés
Contrariés, un peu fachos
En blousons Liberto
Mais pas fâchés
De se marier entre aristos
Les vieux châteaux
Ont des charmes cachés
Des fantômes d’anciens cachots
De drôles de photos
Jaunies détachées
D’un album un peu vieillotLes vieux châteaux
Sentent la bougie
Les vieux métaux
La nostalgieLes vieux châteaux
Restent très attachés
Aux oripeaux de leur passéLes vieux châteaux
Ont des livres alignés
Dans des vitrines en merisier
Paul Léautaud,
Proust et Tide Monnier
Ou bien Céline pour s’amuser
Les vieux châteaux
Ont au mur affichés
Les portraits de leurs ancêtres
Tristes tableaux
De morts endimanchés
Sourires figés sous le salpêtreLes vieux châteaux
Ont des tapis
Orientaux
Un peu moisisLes vieux châteaux
Restent très attachés
Au temps béni des colonies
Les vieux châteaux
Ont à l’étage
Une grand mère usufruitière
Qui bientôt
Parlera du partage
De ses affaires à son notaire
Vieille dame fragile
Que tout effraie
La roseraie et ses pucerons
Le toit qui fuit
Le temps qu’il fait
Et puis les frais de successionLes vieux châteaux
Ont des passions
Pour les roses
Et les donationsLes vieux châteaux
Restent très attachés
Au patrimoine de leur nichéeLes vieux châteaux
Ont des parcs ombragés
Des murs hérissés de tessons
On ferme tôt
La grille en fer forgé
Rêves angoissés et obsessions
Les vieux châteaux
Ont des nuits agitées
De hurlements sous les remparts
Le cri des héros
Qui ont assisté
A tous les tourments de l’histoireHistoire de France
Histoire d’enfance
Trop fabulée
Ou mal vécueLes vieux châteaux
Auront toujours tendance
A flatuler plus haut que leur cul
-
On est partis aux aurores
Le verbe haut et fort
D’un pas sûr et décidé
Avec le cousin Nestor
Et puis le grand Dédé
Les chiens dans la camionnette
Aboyaient à tue-tête
Et jappaient à tout va
Nous on s’ réchauffait chez la Nénette
Au café calva
Le treillis réglementaire
La casquette en polaire
Enfoncée jusqu’aux yeux
Le kil de rouge en bandoulière
On a grimpé joyeuxVers un petit coin d’alpage
Qu’on nous a recommandé
Pour aller canarder
Sans pitié les oies sauvages
Avec le grand DédéBientôt le grand Dédé dit
L’air ébaudit
Faut respecter les traditions
On va cochon qui s’en dédit
Sortir le saucisson
Comme on dit dans notre jargon
On a bu trois canons
Du genre superposés
Car le cochon crénom de nom
Il faut bien l’arroserOn a un peu chargé la mule
De pichets à bascule
Si bien qu’au déjeuner
On était ronds comme des
pendules
Vautrés dans les genêtsSoudain le grand Dédé bondit
Et d’un coup son fusil
Est pointé vers le ciel
Car volent dans le soleil de midi
Trois oiseaux à tire d’ailes
Le premier pousse un cri de misère
Puis tombe comme une pierre
Dans un petit bois tout près
L’cousin Nestor était tout fier
D’avoir si bien tiréLe deuxième avant qu’il s’échappe
Le grand Dédé l’attrape
D’un doublé saccadé
Y’en a pas d’ meilleur au ball-trap
Que le Grand DédéLe troisième je l’ai manqué
Mais il a paniqué
Poussant des cris d’effroi
Il est parti en piqué
Puis a lâché sa proie
Nestor gambade comme un gamin
Pour chercher le butin
Mais d’un coup il s’écrie
Les gars cette fois ci je crois bien
Qu’on a fait une connerieMais comme je l’ai dit aux gendarmes
Je reste persuadé
Que C’était une drôle d’idée
De venir frimer en deltaplane
Sous le nez du grand Dédé
-
Ma grand mère balançait des proverbes à tour de bras
Elle avait un dicton pour toutes les situations
Moi le bon sens populaire je m’en méfie tu m’excuseras
Mais je l’accommode à ma façon
C’est sans doute en forgeant qu’on peut devenir forgeron
Mais en attendant je suis toujours au chômage
Et si c’est au pied du mur qu’on trouve le maçon
C’est peut-être qu’il est tombé de l’échafaudageSi tu ris vendredi dimanche tu pleureras
Dit le vieux rabougri au gamin qui rit aux éclats
Et le p’tit malappris répond au vieux mais de quel droit
Tu me dirais quand je ris ou quand je ris pas ?Bienheureux le pauvre et bienheureux le simple d’esprit
Et bienheureux le propriétaire de son taudis
Le royaume des cieux lui sera certainement promis
Dés qu’il sera mort de misère et d’ennui
De savoir que L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt
Les éboueurs africains ça doit leur tenir chaud
Au royaume des aveugles le borgne est couronné roi
Pour Jean-Marie Le Pen ça va de soiBol de riz vendredi dimanche tu jeûneras
Ordre du FMI mais tu verras ça s’arrangera
Au sommet du G8 ou au congrès de l’OMC
Les bien nourris vont sûrement y penserL’habit ne fait pas le moine même si le moine fait la vie
Murmure le chanoine à l’oreille d’un travesti
Bien mal acquit ne profite jamais et c’est pour ça
Que La vie est belle sur le Phocéa
Pas de fumée sans feu pas d’omelette sans casser les œufs
Disait Charles Hernu à la DGSE
Toute vérité n’est pas bonne à dire même à Paris
Je vois pas le rapport dit madame TibériSi tu ris vendredi dimanche tu pleureras
C’est l’hymne des aigris c’est la devise des rabat-joie
Et comme tôt ou tard ces connards nous feront péter le bazar
Qui rit vendredi c’est toujours ça de pris
-
I
Dans un faubourg mal famé
Un bistrot enfumé
Aux carreaux dépolis
C’est le repaire des damnés
Des débris des paumés
Tous ceux que la vie
A démoliC’est une ruelle
Humide et sans nom
Qui sent l’oubli
Mais moi j’l’appelle
Par son petit nom :
Impasse des mélancoliesII
Y’a Lulu la traînée
Qui dilue ses regrets
Dans le mauvais whisky
Puis retourne tapiner
Sur le pavé mouillé
Promener son ennui
A travers la nuitElle écoute souvent
Ses clients tout bas
Lui raconter au creux du lit
Comme si la sienne
Lui suffisait pas
Leur mélancolieIII
Y’a Freddy le vieux routard
Qui découvre un peu tard
Qu’il est jamais parti
Bien amarré au comptoir
Il descend des ricards
Jusqu’à la folie
Son voyage à luiPour que ses rêves
L’emmènent en orient
Il les parfume au patchouli
Et cache derrière
Les fumées d’encens
Sa mélancolieIV
Pablo le bel hidalgo
Raconte ses flamenco
Son Andalousie
Au jeune curé défroqué
Qui prend le fond du troquet
Pour une sacristie
Il attend le messieMoi j’essuie les verres
Comme dans la chanson
Parfois je les remplis
D’un breuvage amer
Une larme un soupçon
De mélancolie
-
Le soleil radieux du matin
A travers les vitraux
Me réchauffe le creux des reins
Et le bas du dosLa porte gémit lorsque le bedeau
Ouvre le théâtre aux bigots
Le jour s’engouffre entre les vantaux
Lever de rideauxSoudain la foule envahit la chapelle
Et génuflexionne à qui mieux-mieux
On se dispute le missel
On crie Haro ! sur le prie-DieuLes notables à l’allure si fière d’ordinaire
Me dévoilent vu d’ici
Leurs petits tracas capillaires
Et leurs débuts de calvitieLa belle Marion crie Amen !
Les poumons gonflés de piété
Offrants deux ronds et doux blasphèmes
A mon regard embarrasséDeux mille ans que toute la semaine
Je m’emmerde comme un Dieu mort
Mais le dimanche la belle aubaine
C’est guignol au confiteorLe soleil radieux du matin
A travers les vitraux
Me réchauffe le creux des reins
Et le bas du dosEt cette éternelle odeur d’encens
Qui m’irrite le nez
Je voudrais mais ce serait indécent
Pouvoir éternuerLa fille de la charcutière
A qui on me donnerait sans confession
A fauté hier soir à l’arrière
De la camionnette à GastonEt comme je suis d’humeur mutine
Elle aura bientôt des jumeaux
Noce et baptême sonnez mâtines
On fêtera Pâques avant les rameauxBien sûr il n’est guère charitable
De la marier à l’autre idiot
Mais quelle occasion délectable
De me divertir ici-hautDeux mille ans que toute la semaine
Je m’emmerde comme un dieu mort
Mais le dimanche la belle aubaine
C’est guignol au confiteorLa porte gémit lorsque le bedeau
Lentement tire le rideau
Je reste seul dans l’ombre et le froid
Dans la poussière et les bras en croix
-
I
Le patron du café de la place
Le soir a les oreilles farcies
De lieux communs d’histoires salaces
Brèves de comptoir, tout ce qui s’en suit
De philosophes qui abandonnent
Leur sagesse au fond d’un demi
Mais foin des querelles d’ivrogne
Le tiroir-caisse a que des amisRefrain :
La fortune aimant à s’asseoir
Sur un petit coin de fierté perdue
Sans dire un mot sans faire d’histoire
Courbette et sourire convenu
Chacun empoche son pourboire
Et met son mouchoir à carreaux par-dessusII
La jolie blonde que tient en laisse
Fier comme un pape le vieux beau
Quand elle minaude sous la caresse
Ne pense qu’à son petit cadeau
Ensuite, ironie des usages
Quittant l’hôtel elle pose trois sous
Dans la main du garçon d’étage
Tenez mon brave et gardez tout !III
Pour bien financer sa campagne
Notre député réunit
Cocktails petits fours et champagne
Tous les hommes d’affaires du pays
Et chacun sait qu’il ne saurait
Sauf à finir au pilori
Négliger les petits intérêts
De ses amis du rotaryIV
Et à coup sûr le troubadour
Si prompt à donner des leçons
Succombera un jour à son tour
A la vénale tentation
Pour trois euros, quatre centimes
Un créancier lui filant le train
Posera cravate à ses rimes
Et muselière à ses refrains
-
Sur la place du village le dimanche
Avant les élections
Les candidats montrent patte blanche
A la population
Ils saluent bien bas et courtisent
La mémère et même son chien
Et papillonnent à la sortie de l’église
Sapés comme des danseurs mondainsC’est la java Du candidat
Celle qui vous ensorcelle
De promesses éternelles
Un boléro Pour les blaireaux
Ou un tango… Au bal Des démagos.Sur la place du marché le dimanche
On voit de drôles de camelots
Distribuer des poignées de mains franches
Comme des serments de gigolos
Ils vous fourguent avec beaucoup d’insistance
Un brin d’espoir à crédit
Un strapontin dans le train en partance
Pour leur vision du paradis.Refrain
Et pourtant on va tous le dimanche
Participer aux élections
On se rend en se tenant par la hanche
Au grand bal des illusions
On défile pour mettre son petit bulletin dans la boite
Un vrai carnaval de samba
Mais fais gaffe car au bal des culs de jatte
Le mousseux te fout la gueule de boisRefrain
Au journal de vingt heures le dimanche
Le soir des élections
On entend pleuvoir en avalanche
Les discours de satisfaction
Ils sont tous contents de leur performance
Qu’ils soient vainqueurs ou vaincus
Et bientôt tu t’endors en confiance
C’est toujours comme ça quand t’es cocu.
-
C'était un p'tit malin Qui avait le sens des affaires
Il prétendait non sans malice
Quand mes contemporains Seront tous des lumières
Les poules iront chez les dentistesIl s'est mit artisan Penseur de son état
Et fit inscrire dans l'annuaire
Je pense au plus offrant Je pense pour qui voudra
Régler ma note d'honoraireAux badauds étonnés Il disait à mi-voix
C'est un métier sûr et durable
La bêtise humaine est Sans nul doute ici-bas
La seule ressource inépuisableBientôt dans son échoppe Accouru le gotha
Du microcosme culturel
Une foule interlope Guettant le résultat
De ses travaux intellectuelsEt notre bel esprit Devint riche et prospère
Dinant le soir chez les notables
Et les soirs de sauterie Chez la sœur du vicaire
Il dressait même le plan de tableLes années d'élection Il était débordé
Se démenant comme un beau diable
En toute discrétion Il fourguait ses idées
A chacun des présidentiablesLes électeurs en larme Venaient le consulter
"Monsieur vous avez carte blanche"
Ils ont le même programme Ils ont les mêmes idées
Dites nous c' qu'on doit voter dimancheLa boucle était bouclée D'autant qu'dès le lundi
On pouvait voir dans sa boutique
L'animateur télé Du journal de midi
Dont il rédigeait les articlesLe petit artisan Penseur original
A partir de son idée folle
Bâtit au fil des ans Une multinationale
Et imposa son monopoleDepuis dans l'monde entier Grâce à c'coup de génie
Y'a beaucoup moins de polémiques
C'est lui qui a inventé Qu'il soit mille fois béni
L'idée de la pensée unique
-
La vieille voisine
Ne nous réveillera plus
Car dans sa cuisine
On l’a retrouvée étendue
Sa chandelle est morte
Ses derniers bouquets sont fanés
Ferme donc la porte
Le chat pourrait bien s’enrhumerLa vieille voisine
Dés les six heures du matin
Dans ses capucines
Cassait les oreilles aux voisins
Elle disait mon père
Il avait des remèdes à tout
Ferme la lumière
Les jours sont si longs au mois d’aoûtLa vieille voisine
Ne plantera plus ses choux
Bientôt les racines
Vont lui caresser les genoux
Elle dira mon père
Pour bien arracher le chiendent
Ferme ses paupières
Il va bientôt neiger dedansLa vieille voisine
Ne saura pas qu’un gamin
A cherché des rimes
Pour lui chanter qu’il l’aimait bien
Elle dira mon père
N’aimait pas beaucoup les cigales
Au fond de sa terre
Au fond ça doit lui être égalLa vieille voisine
Ne nous réveillera plus
Sans ses capucines
On va se sentir tout nu
Au clair de la lune
Dans ses carrés de haricots
Muette et nocturne
Elle passera sans dire un motFrançois d’Arsonville/ Patrick Tandin
-
I
On a dansé
Au petit bal poussière
La nuit de la Saint Jean
Et la lune a figé
Dans un rai de lumière
Le bonheur insolent de nos vingt ansLes musiciens lançaient
Des accords de musette
Qui tournaient dans le vent
Et les couples enlacés
Des serments d’opérette
Dans le ciel étoilé du printemps
Dans le ciel du printempsRefrain :
Une dernière valse à la sortie de l’église
Juste un adieu un coup de chapeau
Il m’a semblé que l’accordéoniste
Avait des sanglots dans le tempo
Une dernière valse un dernier tour de piste
Et tourne et tourne dans la chaleur du soir
Il m’a semblé qu’un reflet de l’artiste
Brillait encore au coin de ton regardII
J’ai souvent pensé
Dans le froid des hivers
Au petit bal de la Saint Jean
Lorsque le temps tissait
Son voile de poussière
Sur le bonheur perdu de nos vingt ansUn poète est passé
Fragile, éphémère,
Un papillon dans le vent
Et le jour a chassé
Ses rêves et ses chimères
Dans le ciel étoilé du printemps
Dans le ciel du printempsRefrain
III
On a dansé
Au petit bal poussière
La nuit de la Saint Jean
Et la lune a figé
Dans un rai de lumière
Le bonheur insolent de nos vingt ans
-
Lundi matin
J’attaque la semaine
Plein d’énergie
Plein d’ambition
Bientôt j’atteins
L’avenue qui mène
Porte de Charenton
J’ai mis
Mon plus joli costard
Cravate et
Chemise Cerrutti
Ready
Pour mon premier rencard
Pas rater
La porte d’ItalieOh ! c’est le spleen
De la porte Dauphine
Le Road movie
De la porte d’Ivry
C’est inscrit
Dans mon plan de carrière
Je réussis
Porte d’AsnièresDés que j’arrive
Sur le périf
C’est bouché
Comme tous les matins
Invectives
Klaxons agressifs
Des fous lâchés
Porte de Pantin
Je repense
A mes Dinky Toys
Alignés Sur le lino
Du salon
C’est loin l’enfance
Du Golden Boy
Le grenier
De la porte ChâtillonOh ! c’est le spleen
De la porte Dauphine
Le Road movie
De la porte d’Ivry
C’est pas marqué
Dans mon plan de carrière
Mais j’ai craqué
Porte d’AsnièresJe me sens seul
Dans ma berline
Odeur de cuir
Ronce de noyer
Noyé dans une
Vague de déprime
Soupirs
Porte d’Aubervilliers
Ca pique aux yeux
Ca prend la tête
Ca m’est monté
Comme une marée
Comme un vieux
Ressort qui pète
Du coté
De la porte DoréeOh ! c’est le spleen
De la porte Dauphine
Le Road movie
De la porte d’Ivry
C’est pas noté
Dans mon plan de carrière
Mais j’ai pleuré
Porte d’AsnièresSans un mot
J’ai quitté ma BM
J’ai laissé
Ma bagnole et
Dans mon dos
J’entends les sirènes
Hurler
Porte de Bagnolet
J’ai donné
Ma veste à une cloche
J’ai jeté
Ma cravate aux pouillots
Pour me promener
Mains dans les poches
Du côté
De la porte MaillotOh ! C’est le spleen
De la porte Dauphine
Le Road movie
De la porte d’Ivry
Ca s’éclaircit
Porte de Bercy
Y a même un arc en ciel
Porte de la chapelleMardi matin
Fini la semaine
Plus d’énergie
Plus d’ambition
Je traîne ma peine
Au bois de Vincennes
Et mon bourdon
Au bois de Meudon
Autres textes
-
Devant moi sur les bords
Du chemin de halage
Dansent à la surface
Les reflets d’or
Que laissent dans leur sillage
Les bateaux qui passentElle est partie un soir
Froide comme un remord
Debout dans le brouillard
Sur le pont d’un chaland
Remontant vers le nord
Dans le mauvais tempsElle est sortie d’un rêve
Ou d’un conte de fées
Légende oubliée
Princesse qu’on enlève
Héroïne en danger
Ou fille de marinierDéesse ou bien réelle
Je ne sais qui elle est
Ca m’est bien égal
Je peux savoir tout d’elle
En lisant les reflets
Sur l’eau du canalPar un matin blafard
Le vieux chaland rouillé
Est rentré au port
J’ai compris d’un regard
Vers les hublots mouillés
Qu’elle n’était plus à bordUn ami bien plus tard
M’a dit avoir croisé
La fille du marinier
Dans les fumées d’un bar
Elle vendait ses baisers
A quelques familiersJ’ai appris cette histoire
D’un peintre aux cheveux blancs
Un vieil original
Sur un tableau bizarre
Il peignait tristement
Les reflets du canal -
Il a pêché la morue du côté de l’Islande
Et la baleine au large des Malouines
Il a été chanteur de rue pas très loin de Disney Land
Il aurait même connu MarylinIl a chassé le grizzli dans les forêts du grand Nord
Avec le petit-fils de Jack London
Il a mis dans son lit la sœur jumelle de Carole Laure
On a les souvenirs qu’on se donneRefrain 1 :
Difficile de croire à tous ses voyages
Sa mémoire en fait toujours un peut trop
Mais ses histoires poussent le vent du large
Jusque dans les couloirs du métroIl a été l’amant des plus belles filles du KGB
A la cour de Jean Bédel Bokassa
Trafiqué les diamants dans les salons dérobés
De tous les bordels de KinshassaIl a réduit les crânes avec les Jivaros
Filmé par Nicolas Hulot
Partagé les havanes de son ami Castro
En chantant viva el pueblo !Refrain 2 :
Difficile de croire à ses aventures
Sa mémoire en fait toujours un peut trop
Mais ses histoires amènent un peut d’air pur
Dans la grisaille des couloirs du métroIl a joué de la pédal Style avec Eddy Mitchell
Dans les années dorées du Rock n’roll
Dans les bars de Nashville, les parkings de motels
Les soirées imbibées d’alcoolEt ce soir il pleure son blues de mythomane
En grattant trois accords sur un vieux dobro
La voix pleine de malheur et de fumée de gitanes
En bas de l’escalator du métroRefrain 3 :
Difficile de croire à tous ses délires
Sa mémoire en fait toujours un peut trop
Mais ses histoires réchauffent les sans-sourire
Réfugiés dans les couloirs du métro -
I
La marée était en noir
Dans la nuit lourde et luisante
Comme un sinistre polar
Un film d’épouvanteLe capitaine avait trop bu
Et c’est son bateau qui vomit
Cinq mille tonnes de mazout qui pue
Sur nos côtes endormiesJe voudrais traîner les responsables
Comme des gamins pris sur le fait
Face à l’océan sacrifié
A leurs intérêts misérables
Je voudrais planter sur leur crâne
La marque de leur malveillance
Un drapeau noir un bonnet d’âne
Un pavillon sans complaisanceII
Face à la mer qui pue de la gueule
Les officiels crient au malheur
Larme à l’œil sur la plage en deuil
Mais bien ponctuels pour le vingt heuresEt pendant qu’ils soignent leur image
Dans leurs beaux pardessus Kenzo
Les cormorans sur le rivage
Ont froid jusqu’au fond des osJe voudrais prendre les grosses légumes
Et puis les armateurs véreux
Les rouler dans le goudron les plumes
Tous à la queue leu-leu
Je voudrais tant voir ces crapules
Les bras ballants interpréter
La pantomime ridicule
Du pingouin mazoutéIII
On nous promet que dés demain
Les experts entreront en lisse
Calculette au creux de la main
Pour évaluer le préjudiceEt les profiteurs de plans Polmar
En petit comité spéculent
Et transforment le cauchemar
En leçon de calculUn deux trois y’a eu l’Erika
Quatre cinq six l’Amoko Cadix
Je pose une petite polution
Et j’ retiens surtout pas la leçon
Onze douze treize pour l’Exxon Valdez
J’additionne le Torékanion
Je rajoute un peu de mazout
Et je retiens ma commissionIV
Face à la mer qui pue de la gueule
Je regarde vers l’horizon
Sans bouger sur la plage en deuil
Les poings serrés dans mon blouson -
Ce soir je vous invite pour la tournée des bars
La fête, la nouba la grande bacchanale
Avec les sans grades, les princes du trottoir
Poètes éméchés et bourgeoisie bancaleSi nos verres s’entrechoquent en un geste amical
Ils ne tinteront pas clair comme le cristal
Mais chanterons la rue et les refrains des cours
Un air d’accordéon ou l’esprit du faubourgEt bientôt les discours, les serments qui rassurent
Les espoirs de poivrots, les potins les ragots
Les perles de comptoir finiront dans la sciure
Ecrasés aux semelles comme autant de mégotsAlors on s’en ira jusqu’au bar de la place
De demis en demis jusqu’au bistrot d’en face
Jusqu’à pleurer d’ennui, là, au fond d’une impasseL’impasse des mélancolies…
The Rocking Bogues
Un soir, une fête chez des amis. Avec Denis, mon pote, on sort la guitare, le banjo, et on chante. Des chansons de David Mc Neil sans doute.
Un grand type aux cheveux blancs s’approche de nous et nous dit : « ça vous dirait de monter un groupe de blues et de country ? »
Lui il chantait plutôt bien et il jouait de l’harmonica.
C’était les débuts du groupe : « Les Rocking bogues ».
J'ai appris la guitare avec un ami
L'été on allait à Saint-Raphaël
On jouait dans les bars et des gens m'ont dit :
« C'est presqu'aussi bien que Simon Garfunkel »
David Mc Neil
Chant et harmonica : Wolfgang Friedrich
Guitare : Denis Granero
Batterie : Manu Bonnaud
Basse : Maurice Chinier
Banjo et guitare picking : Rémy Belhomme
Do à do
C’est l’histoire d’une rencontre improbable…
Entre deux instruments que rien ne prédestinait à faire un bout de refrain ensemble.
La guitare s’appelle Alhambra, lutherie espagnole prestigieuse, parure de cordes nylon, essences de bois nobles, éducation classique. Mais Alhambra est dotée d’un caractère un peu rebelle et original qui la pousse à explorer différents univers…
Le banjo, lui, se prénomme Calico, Deering Calico. Les Deering sont originaires de la pointe sud du Nevada, à la frontière de la Californie et de l’Arizona. Difficile de faire plus « western ». Chez les Deering, on aime les musiques qui se dansent en ligne, les bottes aux pieds et le Stetson sur la tête.
Le jeune Calico, trop à l’étroit dans cette conception très rurale de la musique, a pris la route très jeune à la recherche de nouvelles harmonies. Lorsqu’ils se rencontrent, tous les êtres vivants mettent en œuvre des rituels d’approche génétiquement codifiés, mais différents d’une espèce à l’autre.
Chez les instruments de musique, on observe un rituel d’approche assez courant qui consiste tout simplement à jouer un « bon vieux blues. »
La qualité audio de ces vidéos présente certaines limitations en raison de la prise de son réalisée en conditions amateurs.
Francis-Michel Montaner
Francis-Michel Montaner est un super guitariste. Lorsque je le rencontre, je suis impressionné par sa virtuosité au fingerpicking. Il me propose de panacher avec mes picking de banjo. C’est une belle rencontre à tous points de vue. Puis il est amené à quitter la métropole pour des raisons professionnelles.
Lorsqu’il revient, quatre ans plus tard, on récidive. Mais entre-temps, il s’est mis à la guitare classique, discipline qu’il enseignait au conservatoire de Mayotte. Les deux répertoires sont à première vue assez antagonistes. Qu’à cela ne tienne, le projet s’appellera “Do à do”. Et nous jouerons de cet antagonisme. Nous racontons, sur scène, l’histoire d’amour improbable entre une guitare prénommée Alhambra, et un banjo qui, lui, se prénomme Calico.
Francis-Michel m’entraîne dans son sillage, il m’apprend à “lever les doigts”, à “mettre de la nuance” et à “baisser le son du banjo” qui a une fâcheuse tendance à tirer la couverture à lui… Et nous jouerons, entre autres : El Condor Pasa, Suite 131, qui est une suite de facture classique, Choros Divagando de Domingo Semenzato, ou encore Caravan de Duke Ellington.
Puis Francis-Michel s’éloignera à nouveau de la métropole, pour des raisons familiales cette fois. Fin de l’histoire, d’une très belle histoire…
Le banjo
Le banjo est un instrument original. D’abord, il y a cette corde aiguë située au-dessus des basses et qui s’invite dans la mélodie parfois sans prévenir. C’est ce qui fait le son si particulier de cet instrument.
En fait, le banjo est un instrument à cordes qui n’a pas fini de muer. D’ailleurs, si on regarde la tête qu’il a… Avec toutes ses ferrailles rutilantes… On dirait le sourire d’un ado livré aux mains d’un orthodontiste psychopathe.
Le banjo est un adolescent timide mais exalté.
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Hommage à Patrick Tandin
Photo : Frémeaux
La Valse à Banjo
Un jour, Patrick Tandin me donne un papier avec une grille d’accords et me dit :
« Tiens, c’est une valse et j’aimerais qu’on la joue ensemble. Ça s’appellerait La Valse à Banjo. »
Et puis, assez vite, il nous a quittés et on n’a jamais eu le temps de jouer La Valse à Banjo. Plus tard, j’ai écrit un texte sur cette grille d’accords et je continue à l’appeler La Valse à Banjo.
C’est une chanson que je dédie à Patrick, bien sûr, mais aussi aux amis baladins qui nous ont quittés un peu trop tôt.
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I
On a dansé
Au petit bal poussière
La nuit de la Saint Jean
Et la lune a figé
Dans un rai de lumière
Le bonheur insolent de nos vingt ansLes musiciens lançaient
Des accords de musette
Qui tournaient dans le vent
Et les couples enlacés
Des serments d’opérette
Dans le ciel étoilé du printemps
Dans le ciel du printempsRefrain :
Une dernière valse à la sortie de l’église
Juste un adieu un coup de chapeau
Il m’a semblé que l’accordéoniste
Avait des sanglots dans le tempo
Une dernière valse un dernier tour de piste
Et tourne et tourne dans la chaleur du soir
Il m’a semblé qu’un reflet de l’artiste
Brillait encore au coin de ton regardII
J’ai souvent pensé
Dans le froid des hivers
Au petit bal de la Saint Jean
Lorsque le temps tissait
Son voile de poussière
Sur le bonheur perdu de nos vingt ansUn poète est passé
Fragile, éphémère,
Un papillon dans le vent
Et le jour a chassé
Ses rêves et ses chimères
Dans le ciel étoilé du printemps
Dans le ciel du printempsRefrain
III
On a dansé
Au petit bal poussière
La nuit de la Saint Jean
Et la lune a figé
Dans un rai de lumière
Le bonheur insolent de nos vingt ans